« La vie c’est comme les canassons, fils : si elle t’éjecte, tu fermes ta gueule et tu lui remontes dessus tout de suite. »
Jean-Paul Dubois

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par Christophe Balaÿ

Zahra ABDI

La complainte de la limace
Belleville

2 | 212 pages | 01-01-2021 | 19€

Une rencontre avec les femmes iraniennes (« … capable de pleurer à l’intérieur tout en éclatant de rire… »), ça se mérite ! Le lecteur doit s’adapter au rythme du récit, les narratrices alternent, Shirine, une prof de littérature au chômage, Afsoun une maître de conférences animatrice d’une série télé et mariée à un universitaire à l’ego surdimensionné et enfin la mère de Shirine jamais remise de la disparition de son fils Khosrow qui n’est pas revenu de la guerre du Golfe. Shirine se partage entre plusieurs mondes tant elle est accro au cinéma et à la littérature. Sa mère lit sans cesse les lettres échangées entre son fils et Afsoun. Une vie au cœur d’un quartier de Téhéran, un quartier en mutation où tout disparaît et renaît dans le bruit et la poussière, le pays avance, mais la surveillance et les contraintes demeurent, même si Shirine préfère l’imagination et les rêves au voile. Un roman singulier qui dresse le portrait de femmes, mère, amie, sœur face à la disparition de l’être aimé, avec des sentiments et réactions différents face à cette perte définitive, dans un Iran qui change à petits pas.

Premier roman

« J’ai la sensation d’une limace froide et gluante qui enfonce ses cornes dans mon oreille. La complainte de la limace est un des sons les plus tristes que j’ai jamais entendus. C’est une plainte insistante qui se glisse au fond de l’âme. »

Ecouter la lecture de la première page de "La complainte de la limace"

Fiche #2616
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christophe Balaÿ


Zoyâ PIRZÂD

Un jour avant Pâques
Zulma

1 | 137 pages | 24-07-2008 | 17.8€

Edmond, le narrateur, se retourne et se penche avec poésie sur sa vie, sur trois périodes, à chaque fois à la veille de Pâques, fête familiale ancestrale : l’enfance, l’âge adulte et enfin la vieillesse. Arménien, Edmond vit en Iran dans une zone de l’ancienne Arménie où cohabitent deux communautés : des Arméniens d’obédience catholique et des musulmans. Naturellement le quotidien d’Edmond et de son entourage est souvent conditionné par les oppositions entre ces deux communautés. Le premier volet nous présente l’enfance d’Edmond marqué par un père froid et distant, incapable de trouver sa place entre Edmond et sa mère. La famille du père est omniprésente, sa mère et sa sœur scrutant constamment les actes de son épouse alors que la grand-mère reste ancrée dans la culture arménienne, une femme doit rester à sa place… La mère d’Edmond au contraire est ouverte aux autres, tente de prendre quelques distances avec les traditions et supporte difficilement les pressions et humiliations de sa belle famille. A l’école, Edmond est très proche de Tahereh, fille du concierge musulman de l’école et seule musulmane de l’école catholique. Cette amitié n’est naturellement pas appréhendée de la même façon par la mère d’Edmond et la famille paternelle… Edmond, enfant sensible et délicat, nous fait part de sa vision du monde adulte par petites touches incarnées par les anecdotes de sa vie. Dans le second volet, Edmond est marié à une femme arménienne traditionnelle. Cette deuxième veille de Pâques est centrée sur l’annonce de sa fille qui envisage de se marier avec Behzad, musulman d’origine turc. Sa femme le charge de la faire revenir à la raison et Edmond y trouve l’occasion de se remémorer son propre mariage. Il part avec sa fille dans une maison de famille mais pourra-t-il et aura-t-il l’envie de la sermonner ? Dans le dernier volet, Edmond est veuf, sa fille s’est éloignée et il ne peut s’empêcher de rapprocher la rupture des traditions qu’a représenté son mariage et la mort de sa femme. Une collaboratrice dont l’histoire personnelle est également marquée par ce même genre de rupture, tente de le conduire vers la voie du pardon. Un récit très doux même si la violence est sous-jacente, fait de non-dits et de suggestions qui nous transporte dans un quotidien à la fois éloigné et si proche de nous.

Fiche #422
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christophe Balaÿ